Un peu d'histoire (3) : la chute de l'Empire aztèque

Difficile d'imaginer comment une telle puissance qui avait soumis un territoire allant de la côte Pacifique au golfe du Mexique a pu être défaite par une bande de barbus vérolés.

A vrai dire, on connaît les faits mais pas vraiment les circonstances. La vérité se situe certainement entre les deux images qui semblent prévaloir : celle d'un Cortès avide de richesse, manipulateur, impitoyable, jouant avec la crédulité des Aztèques, d'un côté, et, de l'autre, celle d'Espagnols effrayés par le goût du sang d'Aztèques qui jouèrent la carte de l'hospitalité face des envahisseurs équipés d'armes puissantes. Les Espagnols bénéficiaient, par rapport à leurs adversaires, d'armes en fer et à longue portée (arbalètes, canons). Ils avaient également des chevaux, animaux jusqu'alors inconnus en Méso-Amérique. Ils réussirent à grandir leur armée en s'associant avec des groupes rivaux des Aztèques : les Txacaltèques et les Totonaques. De plus, des maladies importées d'Europe décimèrent les populations indigènes qui n'étaient pas immunisées. Enfin, les Espagnols jouèrent de l'effet de surprise. Les Aztèques ne savaient pas trop quoi penser de ces hommes blancs, poilus, qui étaient arrivées sur des bateaux "grands comme des montagnes". Reste que la chute de l'Empire aztèque a eu des répercussions et a créé un ensemble de figures et de symboles qui jouent encore un rôle dans le Mexique d'aujourd'hui.

Quand Hernàn Cortès débarque en 1519 sur la côte du golfe du Mexique , la cité aztèque de Tenochtitlan gouverne avec celles de Texcoco et Tlacopan au sein de ce qu'on appelera plus tard la "Triple Alliance" ( à  ne pas confondre avec celle du début du XXe siècle). Cette union politique a soumis quasiment tous les peuples de l'Océan Pacifique au golfe du Mexique.

On raconte que l'Empereur aztèque, Moctezuma II, aurait pris Cortès pour Quetzalcoatl (le célèbre "Serpent à plumes") qui, selon une légende, devait revenir au Mexique après avoir été chassé de la cité toltèque de Tulà. Cortès créa un premier port pompeusement baptisé "Villa Rica de la Vera Cruz" (l'actuelle "Veracruz"). Le conquistador fit la connaissance d'une indienne, Malintzin, appelée plus tard "Doña Marina" ou "la Malinche", qui parlait le nahuatl et le maya. Cette dernière servit de traductrice mais également de conseillère à Cortès. C'est une figure importante dans la culture mexicaine mais aussi très controversée : considérée comme une victime innocente qui tenta d'aténuer la barbarie des Espagnols par les uns, elle est aussi "la traitre", l'arme infaillible des Espagnols, pour les autres. En tout cas, l'expression "malinchista" sert à désigner les personnes qui ont trahi leur pays. Très rapidement, les Espagnols entendent parler des grandes richesses des Mexicas et décident de faire route vers l'Ouest.

Ennemis des Aztèques, les Txacaltèques qui vivent dans la vallée de Puebla s'allient aux Espagnols. On raconte que c'est de là que viendrait l'antagonisme farouche entre Puebla et Mexico. Pour ma part, je pencherais plutôt pour une histoire de jalousie. Les habitants de Mexico en veulent aux Poblanos d'avoir inventé les deux meilleurs plats de la gastronomie mexicaine à savoir le "chile en nogado" et le "mole poblano". Et avec leurs 635 églises et leur foi démesurée, les Poblanos sont jaloux de Mexico qui abrite la relique de la Vierge de Gadalupe. Mais, à ma connaissance, aucun travail scientifique n'est venu confirmer mon intuition. Revenons donc aux faits.

En 1520, Hernàn Cortès et son armée sont reçus en grande pompe à Tenochtitlan. Le conquistador, cependant, quitte rapidement la capitale aztèques pour rejoindre la côte du golfe du Mexique. Durant son absence, son lieutenant, Pedro de Alvarado organise le massacre de notables mexicas durant une cérémonie religieuse. Le peuple aztèque se révolte et tue l'empereur Moctezuma II, tenu pour responsable. Il s'attaque également aux Espagnols qui tentent de fuir par tous les moyens. Cet épisode, qui a lieu entre le 30 juin et le 1er juillet 1520, est rapporté par les chroniqueurs espagnols sous le nom de "Noche triste" (Nuit triste). Cortès revient au pas de charge pour assiéger Tenochtitlan à la fin de l'année 1520. La défense de la cité est assuré par l'Empereur Cuauhtémoc dont le nom signifie en nahuatl "aigle-qui-tombe". Après soixante-quinze jours de résistance, la ville passe aux mains des Espagnols. Cuauhtémoc est capturé par les conquistadors. Ces derniers lui brûlent les pieds pour savoir où est caché le trésor des Aztèques. Cette image de l'empereur suplicié est devenu un symbole dans l'art mexicain, notamment sur la fameuse fresque de Siqueiros qu'on trouve au Palacio de Bellas Artes. Même s'il a régné très peu de temps, Cuauhtémoc est devenu une figure emblématique au Mexique. Une delegacion (un arrondissement) de Mexico porte son nom. Le temple majeur de Tenochtitlan fut détruit et les Espagnols installèrent la Cathédrale metropolitana à la plaza mayor à son emplacement. Il ne reste quasiment aucun vestige aztèque à Mexico. Cependant, comme nous l'avons vu, les Mexicas sont bien présents dans la culture mexicaine.